Puisque le glaucome touche environ 10% des plus de 70 ans et que la cataracte atteint plus de 20% d’entre eux, force est d’admettre que ces deux affections coexistent chez une part significative de la population des seniors. La question de risques plus élevés du traitement chirurgical de la cataracte lorsqu’elle s’accompagne d’un glaucome mérite donc légitimement d’être débattue.
Cataracte et glaucome
La dernière couche nerveuse de la rétine est composée d’environ 1 million de cellules ganglionnaires. Leurs prolongements sont appelés « axones » et se rejoignent pour former le nerf optique, relié au cerveau auquel il transmet les images. On appelle « glaucome », une pathologie qui correspond à leur lésion progressive, par augmentation anormale de la pression intraoculaire, elle-même due à une mauvaise évacuation de l’humeur vitrée.
On estime que 1 à 2% des Français de plus de 40 ans sont atteints de glaucome, près de 10% au-delà de 70 ans. Les lésions nerveuses induites par cette pathologie évolutive sont irréversibles et la cécité constitue le stade ultime du glaucome non pris en charge. La chirurgie n’est pas systématique et ne doit être envisagée que lorsque des mesures conservatives (médicaments ou traitement laser) ne permettent pas de maîtriser la progression du glaucome.
Pour sa part, la cataracte, opacification du cristallin, atteint environ 20% des plus de 65 ans. Ainsi, même si opérer la cataracte n’est que rarement urgent ou obligatoire, le pourcentage de candidats à la chirurgie et atteints en parallèle de glaucome est relativement significatif.
La question de savoir si une intervention chirurgicale de traitement de la cataracte est plus risquée chez les patients aussi atteints de glaucome se pose donc de manière légitime.
Quels liens ?
Les liens qui unissent cataracte et glaucome sont complexes. En premier lieu, puisque le glaucome se développe à ses débuts de manière insidieuse, il n’est très souvent découvert que lorsque le praticien se livre à des examens pour diagnostiquer une éventuelle cataracte.
Par ailleurs, les données de certaines études épidémiologiques tendent à démontrer que la prise en charge médicale ou chirurgicale d’un glaucome peut favoriser l’apparition et la progression de la cataracte.
Même si c’est le cas, c’est la prise en charge du glaucome qui doit rester la priorité, puisqu’il s’agit d’une pathologie qui peut entraîner une perte définitive de la vision ce qui n’est pas le cas de la cataracte.
En effet, même si elle est la plus grande cause de cécité à travers le monde, il ne s’agit pas d’une conséquence irréversible : l’extraction du cristallin devenu opaque peut se faire à tous les stades, certes plus ou moins aisément, et son remplacement par un implant rend à l’œil la transparence nécessaire à une vision de qualité.
Enfin, il semble que l’effet du traitement chirurgical de la cataracte sur le glaucome puisse être bénéfique, en provoquant un abaissement de la pression intra-oculaire. Par ailleurs, l’extraction et le remplacement du cristallin peuvent être associés sans risques additionnels à toute forme de traitement chirurgical du glaucome, sauf s’il trouve son origine dans une réaction inflammatoire (uvéite).